Il est temps de quitter Amman pour descendre vers la mer morte et découvrir les sites bibliques de la région. La route ce matin est une interminable descente dans un paysage de vallées arides à perte de vue.
Nous arrivons à Bethanie au-delà du Jourdain après une heure de route. L’endroit est supposé être d’une part, celui où le prophète Élie aurait été enlevé aux cieux dans un tourbillon. Le lieu exact serait un petit monticule le long de la route: c’est officiel, c’est attesté, la science le dit, il y a même un petit escalier de bois pour le gravir.
Au bout de la route se trouve le site du baptême de Jésus Christ. Les églises de chaque tendance de la chrétienté, en cours de construction, rompent la monotonie désertique qui entoure la maigre verdure qui longe le cours du Jourdain. Pour ce qui est du lieu précis où Jésus aurait été si aujourd’hui ça se révèle être un trou d’eau croupie alimenté par une fine source, il semblerait qu’il ait été alimenté par le Jourdain avant qu’il ne coule plus à l’ouest. Les ruines de quatre églises successives attestent que l’endroit est depuis longtemps considéré par les chrétiens comme authentique.
Un peu plus loin, sur l’autre rive du Jourdain, le contraste avec la sobriété de la rive jordanienne est saisissant: côté israélien, à 3 mètres de nous, un complexe flambant neuf où les touristes affluent par bus entier surgit au milieu de l’étendue désertique. Les groupes viennent se faire « baptiser » dans les eaux du Jourdain. Le spectacle revêt un aspect comique certain: d’une part le lieu authentifié est à 300 mètres de l’autre côté de la frontière, d’autre part, le baptême du Christ n’a pas de signification particulière pour les juifs. J’ai le sentiment d’observer un Disneyland de la religion.
Nous reprenons la route pour repasser au dessus du niveau de la mer en gravissant le mont Nebo afin d’observer le dernier panorama que Moïse aurait vu. C’est en effet du haut de ce mont qu’il aurait aperçu la terre promise avant de mourir à 120 ans. Le temps n’est pas assez clair mais à une quarantaine de kilomètres on pourrait apercevoir les quartiers sud de Jérusalem. Jericho, en Cisjordanie, la plus vieille ville au monde, continuellement habitée est visible. Le panorama et la route qui y conduit sont à couper le souffle.
Nous continuons plus à l’est pour rejoindre Madaba réputée pour ses mosaïques. L’une d’entre elles représente une carte de la Palestine. Nous y déjeunons avant de reprendre la route pour descendre à nouveau vers la mer morte où nous passerons deux nuits.
Je fais les 30 kilomètres qui restent en économisant mon plein d’essence. Les descentes et remontées dans la vallée du Jourdain depuis hier ont sérieusement entamé mon réservoir. J’espère trouver rapidement une station si j’atteins la mer morte. La route est déserte et serpente dans un paysage étonnamment plus vert que celui plus au nord pris plus tôt. La descente est presque ininterrompue sur tout le trajet, j’économise mon plein sans peine en ne conduisant qu’avec l’accélération naturelle de la voiture, en usant du frein moteur, sans jamais toucher l’accélérateur.
Nous arrivons sur les rives de la mer morte peu avant le coucher du soleil.