MDL, DMZ, JSA

Je me lève tôt pour mon rendez-vous du matin au Camp Kim, une base militaire américaine en plein coeur de Seoul. C’est de là-bas que mon excursion dans la DMZ débute. Sur une bonne partie de la cinquantaine de kilomètres d’autoroute qui nous mène vers le nord, les  barbelés et vigies qui bordent fleuve nous rappellent que la Corée est un pays aujourd’hui encore en guerre. Au loin on aperçoit même le territoire du frère ennemi, déforesté pour mieux surveiller son côté de la frontière.

Le bus nous conduit jusqu’à l’extrémité de la zone civile ou l’armée coréenne contrôle tout ce qui rentre et sort. Sur le « pont de la liberté » notre bus zigzague entre entraves placées là pour ralentir la progression de l’ennemi. Un peu plus loin on trouve même sur le bord de la route des blocs de bétons portés par des piliers que les charges de C4 feront basculer sur la route. Deux autres systèmes de défense ont été mis en oeuvre par le sud: une ligne électrifiée et un champ de mines, l’ensemble déchire la péninsule d’une cote à l’autre.

Arrivés à camp Bonifas, notre bus est pris en charge par l’armée américaine qui nous conduit au sein de la Join Security Area, unique lieu de passage possible aujourd’hui entre le Nord et le Sud. L’histoire du lieu est effrayante. Les différents incidents qui ont marqué la zone soulignent l’horreur de cette division: des soldats chargés de couper un arbre qui finissent massacrés à la hache, ou des prisonniers alignés devant le « pont sans retour » à qui on demande de choisir leur camp.

Alignés derrière les soldats coréens fixés dans leur posture de taekwendo, nous apercevons en face les soldats Nord coréens qui surveillent nos gestes à la jumelle. Nos photos sont contrôlés par notre escort, personne ne verra donc cette tour construite par les chinois ou ce poste de surveillance équipé par le sud.

Un peu plus loin, depuis notre poste d’observation tourné vers le sud, nous voyons le « village de la propagande », construit par les nord coréens comme le cessez-le-feu leur permettait. Depuis ce village étaient diffusés des messages à la gloire de Kim Jung-il. Au milieu de ce décor de cinéma inhabité, se dresse un mât de drapeau gigantesque sur lequel les couleurs du Nord flottent.

Nous quittons la JSA pour nous diriger vers une gare ferroviaire neuve aménagée dans les années 2000 dans l’espoir de la réouverture d’une liaison vers Pyongyang. Entre 2000 et 2008, seuls 200 convois de fret purent franchir la frontière. Malheureusement, depuis l’exécution sans sommation d’une touriste, tout espoir de voir cette ligne rouvrir s’est éteint.

Partout où nous allons, la Corée du Sud insiste sur le rêve d’une réunification mais rappelle pourtant que le Nord est belliqueux. D’ailleurs, l’infrastructure mise en  place pour permettre la visite d’un des tunnels secret du Nord sent bon la propagande à l’occidentale.

Épuisé par cette journée, je rentre à Seoul où je vais me perdre dans le dédale des rues d’un marché.

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