Nous quittons Mongily, le petit village où nous séjournions, avec Fali notre chauffeur jusqu’à Tana en direction du Nord. De retour à Tulear nous empruntons la nationale 7 que nous allons suivre sur ses 920 km en un peu plus d’une semaine. Si sur le papier les étapes sont rapprochées, ce sont de longues journées de 4×4 qui nous attendent malgré la relative bonne qualité de la route.
Une fois sortis de la ville, le trafic devient plus rare et les paysages qui se succèdent sont étonnamment variés sur une si courte distance. Aux kilomètres de brousse grise et sèche, succèdent de grandes plaines dorées au détour d’une colline parsemées de baobabs, bientôt remplacés par de gigantesques étendues bordées par des montagnes aux sommets applatis.
Les hameaux que nous traversons sont constitués de petites habitations en torchis pour les plus cossues ou plus simplement de branches et feuillages secs entremêlés. La pauvreté est partout le long de la route. A chaque fois que nous demandons à notre chauffeur de s’arrêter pour prendre des photos, des enfants et leurs parents surgissent de nul part, parfois en courant, pour nous réclamer bonbons et autres présents. Comment ne pas être fâché après ces touristes qui habituent ces enfants aux sucreries alors qu’ils n’ont pas accès aux soins dentaires ?
En chemin, en passant à proximité de cannes à sucre, nous nous arrêtons au niveau d’une distillerie artisanale où nous goutons un rhum encore chaud. Ils nous remplissent une petite bouteille plastique pour la route, au cas où nous aurions besoin de nous réchauffer encore plus !
Alors que nous approchons du parc d’Isalo, nous traversons des villages saphir. Lorsqu’un filon est trouvé, ils poussent comme des champignons pour exploiter la mine. En bord de nationale se trouvent les boutiques des acheteurs asiatiques entourées de rutilants 4×4: celui qui découvre une belle pierre se voit offrir la possibilité de repartir avec l’une d’entre elles plutôt qu’avec de l’argent. Quel cynisme d’offrir une voiture à quelqu’un qui ne sait pas conduire ni n’a les moyens de l’entretenir ! Dans les ruelles en retrait, contrastent les cabanes de fortune des pauvres mineurs. Dans l’un d’entre eux, nous passons devant l’école financée par les profits de l’hôtel solidaire, où nous séjournions ce week-end, pour contribuer à sortir les enfants de la mine.
Nous arrivons à temps pour le coucher du soleil sur le parc national d’Isalo. Là, une foule de touristes débarqués de leur bus se battent et s’insultent pour avoir la meilleure photo au travers une fenêtre naturelle avec leur ipad et autres appareils compacts. Ils en oublient de regarder hors de leur objectif et d’admirer la palette de couleurs dorées qui habillent le parc.