Chacun se rappelle de ce qu’il faisait le jour où cela c’est passé.
Chacun y va de son anecdote, de son quotidien qui ce jour là a tourné à l’exceptionnel.
J’étais en école, dans mon studio de la maison des élèves, sur IRC précisément. Au début, ce ne fut qu’un lien vers une breaking sur Yahoo! News, une dépêche que nous n’avions pas pris au sérieux. Rapidement nous tournions en dérision cet « incident »: surement le fait d’un contrôleur aérien tête en l’air.
Un avion aurait touché le World Trade Center.
Nous n’en savions pas plus. Sans davantage de détails, comment aurions nous pu comprendre la gravité de la situation ? Tout au plus était-ce un petit avion de tourisme égaré. Tout au plus, un effleurement.
Rapidement la première info fut suivie d’une autre: le contrôle aérien venait de perdre des avions. Décidément, quelqu’un à JFK allait se faire tirer les oreilles.
Je suis alors descendu au bureau des élèves, pour m’occuper du dossier sécurité de mon gala. Ce que je découvris me glaça le sang: dans cette salle, tous les yeux convergeaient vers l’écran qui montrait les images du panache de fumée qui s’échappait du haut du WTC. L’avion de tourisme se révélait être beaucoup plus gros qu’imaginé.
Cet écran nous hypnotisait, ces images semblaient irréelles. Voir le second avion percuter la tour en direct provoqua un frisson d’effroi. Comment cela peut-il être possible ? A l’époque je ne pouvais pas imaginer que quelqu’un puisse précipiter un boeing de son plein gré dans un immeuble.
Je restais là, collé à cette télévision, à voir en boucle les images de l’impact, fasciné. C’est un acte de guerre. Comprenions nous que le monde que nous connaissions était en train de changer sous nos yeux ? Imaginions nous que les répercussions de cet évènement seraient celles que nous savons maintenant ? Lorsque j’assistais médusé à l’effondrement des tours, ce n’est pas à la dimension historique du moment que je pensais, c’est à la tragédie humaine qui se déroulait sous mes yeux.
Je touchais du doigt cette tragédie le lendemain midi. Un professeur américain, sans nouvelle d’une partie de sa famille, employés au WTC, organisa une cérémonie de recueillement au sein de l’école. Jamais je n’oublierais la flamme de cette bougie qui brula tout le lendemain au milieu du forum. Jamais je n’oublierais la gravité de son regard pendant ces minutes de silence.
Dix ans ont passé, cette journée reste gravée dans ma mémoire.
Dix ans ont passé, en ce jour de mémoire, je suis à New York.